Quel enfant n’aime pas les dinosaures ? À part, bien sûr, ceux qui tentent de survivre au quotidien contre la famine, ceux qui se retrouvent dans des embarcations précaires sur la Méditerranée dans l’espoir de gagner les côtes italiennes, ou ceux qui travaillent d’arrache-pied dans des usines pour fabriquer des produits Apple hors de prix. Ça y est, vous êtes déprimés ? On peut commencer l’article, alors !
Enfant, en tout cas, j’étais fou amoureux des dinosaures. Ma chambre regorgeait d’ouvrages sur ces braves sauriens (ou équivalent), avec des illustrations en couleur qui en jetaient un max. Autant dire que, le jour où quelqu’un m’a montré Vie et mort des dinosaures sur son MO6, j’ai immédiatement été fasciné par le soft d’Infogrames. Et c’est avec bonheur que j’allais le retrouver quelques mois plus tard sur mon TO8D tout neuf.
Bien sûr, il peut sembler étrange de nos jours d’imaginer des gosses littéralement subjugués par un jeu à volonté didactique sensiblement austère, dans la forme comme dans le fond. Parce que, dans Vie et mort des dinosaures, pas de chasses au lasso contre des T-Rex (la bestiole, pas le groupe) sous stéroïdes, ou de courses en sac avec des tricératops. Ici, on creuse, on encadre, on apprend, et c’est marre.
Le jeu se déroule en trois parties : dans la première, le jeune (ou non) paléontologue que vous êtes allez composer votre paquetage. Vous voici donc dans votre bureau, invité à cliquer un peu partout afin de trouver le matériel dont vous aurez besoin, et à ranger le tout dans une grosse malle. Vous avez également la possibilité de consulter une carte qui diffuse quelques éléments de connaissance sur la localisation générale des fossiles dans le monde. Étrangement, l’Académie française n’est pas mentionnée.
Ce principe de préparation de voyage, Infogrames l’utilisera de nouveau un an plus tard dans son somptueux Bivouac. Et tout comme dans Bivouac, mais de manière moins extrême tout de même, vous aurez la possibilité de vous encombrer d’articles parfaitement futiles et devrez y résister avec abnégation. Inutile d’emmener un paquet de cigarettes, une cassette audio ou un crâne humain (oui oui) : la contenance de votre malle est limitée.
En gros, vous devez vos équiper d’une pelle (ou d’une pioche), d’un marteau avec un burin, d’un pot de colle ou d’un sac de plâtre. L’équipement idéal de tout mafioso, et donc visiblement de tout paléontologue du milieu des années 80. Une fois votre fatras réuni, il ne vous reste plus qu’à passer cinq minutes à essayer de quitter votre bureau avant de réaliser que le jeu attend de vous que vous refermiez la malle… et en route pour l’aventure, avec un code à la clé.
L’aventure, en l’occurrence, consiste à trouver des fossiles de dinosaures et autres pièces précieuses de leur époque. Pour cela, vous allez creuser avec votre pelle ou votre pioche sur un écran représentant une sorte de terrain indéfini, jusqu’à dénicher des petits points noirs qui indiquent que quelque chose se trouve là-dessous. En faisant attention à ne pas briser l’objet, vous allez la peaufiner au burin, puis la brosser dans le sens du poil, puis l’encadrer magnifiquement.
Selon la nature de la découverte, vous cliquerez ensuite sur l’un des trois laboratoires présents : physique-chimie, géologie, ou paléontologie. Il est en effet tout autant possible de trouver un fémur de diplodocus ou un crâne complet de tricératops que des bouts de corail ou de coquillages. À chaque fois, le laboratoire vous donne des informations précieuses, que le joueur pouvait imprimer. C’est pourquoi les textes s’affichent sur un papier bleu-blanc typique des imprimantes à aiguilles de l’époque.
Après avoir parcouru plusieurs tableaux vous promenant de l’époque du tertiaire (-40 millions d’années) à celle du cambrien (-500 millions d’années), en passant naturellement par le trias, le crétacé ou le jurassique, le jeu vous réserve à la fin une petite surprise en vous faisant découvrir le tatou d’Infogrames. C’est amusant. Dommage qu’au sein de ma première partie, cela ait provoqué un bug m’obligeant à tout reprendre depuis le début. Mais bon, je suis un esprit chagrin.
Ceci nous amène à la dernière partie du jeu. Après avoir reçu un nouveau code, qui sauvegarde chacune de vos découvertes et prend en compte les fossiles manquants en cas de négligence, vous voici devant vos juges. Trois bonshommes, le premier ressemblant à un beatnik sous acide, le second à un ancien médecin nazi et le troisième à un savant fou de James Bond, vont juger de votre capacité à devenir paléontologue.
Et c’est là que la dimension éducative du soft éclate au grand jour. Ciel ! Sous prétexte de nous faire creuser pour trouver des dinosaures, le jeu voulait nous apprendre des choses ? Les questions sont en effet tout sauf faciles, et vous aurez intérêt à avoir bien noté les informations délivrées précédemment pour pouvoir répondre. Et d’avoir bien tous les fossiles dans vos malles respectives.
Car la seule manière de répondre aux questions est de sélectionner le fossile contenant l’information demandée. Sur quoi se base t-on pour dire que les dinosaures étaient ovipares ? À vous de retrouver les coquilles d’oeufs que vous avez glané en cours de route. À quelle époque situe-t-on la fin des dinosaures ? Cliquez sur le crâne de tricératops, indiqué comme l’un des derniers de sa catégorie. Et soyez patient : il faudra compter une bonne vingtaine de questions.
Au bout du compte, le jury rendra sa décision et fera de vous, ou non, un docteur en paléontologie. Personnellement, grâce à un usage savant des captures d’écran, j’ai pu donner la totalité des bonnes réponses et obtenir ainsi la mention Très bien. Je me suis empressé d’envoyer un message au service de paléontologie de la Sorbonne, je suppose donc qu’on m’adressera mon diplôme sous peu.
Blague à part, Vie et mort des dinosaures est un merveilleux souvenir de mon enfance, et y rejouer m’a permis de me rendre compte que nombre des fossiles à découvrir ou des illustrations présentées dans la dernière partie du jeu étaient restés bien ancrés dans un coin de ma mémoire reptilienne.
J’ignore si le jeu est encore complètement valable scientifiquement, les théories sur les dinosaures ayant sans doute pas mal évolué depuis trente ans. Mais en nous parlant d’une terre si lointaine et différente, le jeu porte avec lui toute la poésie des origines et des étapes de la vie. C’était basique, c’était sept ans avant Jurassic Park, et c’était déjà fascinant. Avec ou sans raptors.
Toujours excellents ces tests qui sentent bon notre enfance. Je sais plus si tu l’avais précisé mais tu joues sur émulateur ou sur la vraie machine ? Perso j’ai toujours mon TO8D mais le lecteur de disquette était externe et je sais pas ou je l’ai foutu (bien qu’aperçu par des témoins il y’a quelques années).
Merci pour ton retour ! Je joue sur émulateur je l’avoue, bien plus pratique pour les captures d’écran et cela me permet de jouer à des jeux que je n’ai pas en disquettes, comme c’est le cas (hélas) de celui-ci. Toutefois, quand je possède la disquette du jeu, je le pratique en général un peu “en vrai” avant de plus le jouer en émulation pour plus de confort pour écrire l’article. J’ai moi-même un TO8 avec lecteur de disquettes et un TO8D. 🙂
Ton test me donne envie de découvrir ce soft. Je vais aller du côté de DCMOTO.
Tu évoques l’excellent Bivouac, mais je retrouve également un peu l’aspect graphique de L’héritage/Las Vegas. C’est juste une impression.
Hello Stan, oui j’ai failli le mentionner d’ailleurs, on est vraiment dans le même registre graphique, tout comme avec Le Dossier Boerhaave je trouve. 🙂
Retrouver un jeu si ancien tournant sur ordinausaures s’apparente tout à fait à de l’archéologie 🙂
Comme d’habitude, un test sympa qui de plus chose rare sur Thomson, m’a fait découvrir un soft que je ne connaissais pas du tout.
Au plaisir de te lire ici ou sur le groupe Thomsonistes 🙂
Merci Thomas ! 🙂
Génial ! Savez vous si il existe un émulateur pour mac ?
Merci 🙂
Pardon, je découvre très tardivement ce commentaire et cette question… à laquelle je n’ai malheureusement pas la réponse ! :/