Vampire

Un jeu signé Alain Vialon, Dominique Girou et Philippe Nottoli.

Un jeu signé Alain Vialon, Dominique Girou et Philippe Nottoli.

Il est minuit, l’heure du crime et des pannes d’essence. Ou plutôt non, puisque notre héros nous affirme que son réservoir est plein, ce qui ne l’empêche pas d’être en rade en pleine cambrousse. Soudain, un cri de femme retentit dans le néant. Notre héros comprend instantanément qu’il va devoir affronter cauchemars, fantômes et squelettes pour sauver la donzelle inconnue et gagner son amour. Parce que les choses étaient drôlement compliquées avant l’apparition de Tinder.

 

Alors qu’Halloween est dans l’air, quoi de mieux que de parler d’un jeu comme Vampire ? une production Infogrames de 1986 qui aligne des sorcières, des démons, des fantômes, des feux follets, des dragons et que sais-je-encore. Au milieu de ce bestiaire infernal, le joueur incarne un personnage qui n’a, pour se défendre, que les objets glanés au fur et à mesure de son périple, dont certains sont d’ailleurs parfaitement inutiles. Par dessus le marché, il doit boucler son aventure avant le lever du jour. Et le passage à l’heure d’hiver n’arrange rien.

 

Vampire fait partie de ces jeux que j’avais dans ma ludothèque Thomson, auquel je jouais de temps en temps, sans strictement rien y comprendre, me contentant d’y passer quelques minutes sans même me donner la peine d’entrevoir la possibilité d’une tentative d’essayer de le terminer. Trente-cinq ans plus tard, avec l’aide éhontée d’une solution en ligne (merci DCMOTO), c’est tout de même chose faite. Et je pense que jamais, à l’époque, je n’aurais eu la capacité, la sagacité d’esprit, sans parler de la patience, pour en venir à bout.

 

De toute la panoplie de monstres qui composent le bestiaire de Vampire, les fantômes sont ceux qui ont la plus belle bouille.

De toute la panoplie de monstres qui composent le bestiaire de Vampire, les fantômes sont ceux qui ont la plus belle bouille.

 

Vampire fait aussi partie de ces jeux qui vous lâchent au milieu de nulle part et vous demandent de tout comprendre par vous-même. C’est probablement mieux que les didacticiels interminables que nous assènent certains titres aujourd’hui, mais cela peut quand même rebuter bien des bonnes volontés. À vous de découvrir que le pistolet tue les démons verts, que le filet à papillon permet d’attraper les fantômes, et que le bocal avec un poisson rouge ne sert à rien. Bon, dans ce dernier cas, je reconnais qu’on s’en doutait un peu.

 

En revanche, on aurait pu bêtement penser que l’horloge, dont on trouve de nombreux exemplaires, aurait une utilité. Par exemple, accorder un bonus de temps, comme les gros sacs disposés un peu partout redonne de l’énergie. Que nenni, mon bon monsieur : si elles servent à quelque chose, je n’ai pas su trouver à quoi. Quant aux objets nécessaires pour ouvrir les portes, ils sont tout sauf intuitifs, surtout avec des graphismes (un peu) approximatifs. Encore une fois, je ne demande pas au jeu de jouer à ma place. Mais l’absence totale d’indications est légèrement frustrante.

 

Que cela soit en rase campagne ou dans le château, les ennemis du jeu ne laissent quasiment aucun répit à votre personnage.

Que cela soit en rase campagne ou dans le château, les ennemis du jeu ne laissent quasiment aucun répit à votre personnage.

 

Il faut dire que Vampire est un jeu plutôt austère. Pas de musique naturellement, même pas en ouverture. Pas un mot. Juste quelques virgules sonores, et votre personnage qui gambade sur fond noir et se fait agresser par toutes les créatures qui croisent son chemin. Autant de monstres dont il faut saluer la diversité, et leur aspect BD franchement sympathique. La diversité est de mise aussi du côté des décors, à la fois sobres et plaisants, à l’image de la palette de couleurs qu’ils déploient. Ce n’est pas forcément beau, mais ça a son charme.

 

Le jeu se distingue par sa fluidité : les mouvements sont rapides, les ralentissements inexistants. Dommage que la maniabilité ne suive pas toujours, avec un personnage visiblement lesté de plomb tant la pesanteur se rappelle à lui à chaque instant. Plus des commandes capricieuses qui peuvent s’avérer très agaçantes quand il s’agit, par exemple, d’éviter la noyade. Le contact avec l’eau vaut en effet un game over immédiat, et la pénibilité des déplacements rend un passage précis particulièrement retors. Sur émulateur, avec une fonction sauvegarde, ça passe. Mais dans les conditions du direct, il y a de quoi jeter sa manette par la fenêtre.

 

C'est l'histoire d'un type avec un pieu, et boum le vampire !

C’est l’histoire d’un type avec un pieu, et boum le vampire !

 

En toute franchise, j’ai un peu de mal à dessiner une opinion tranchée sur Vampire. Encore une fois, je n’y ai pas joué assez quand j’étais gamin pour avoir développé beaucoup de nostalgie à son égard. Dès lors, ses défauts me semblent flagrants, sans que je puisse les enterrer sous trois tonnes de « c’était mieux avant », en regrettant l’époque où le nuage de Tchernobyl épargnait la France et où Jean-Luc Lahaye était numéro 1 au Top 50 avec Papa chanteur.

 

Pour autant, le jeu a ce côté surréaliste des softs de son époque, et le juger mauvais serait exagéré. Sans compter que c’est un classique, et que les classiques ça se respecte, La Princesse de Clèves incluse. Mais quand même, ces jeux à énigmes muets comme des carpes, qui vous abandonnent à votre triste sort jusqu’à rendre les choses à la limite de l’impossible, ont terriblement mal vieilli.

 

Est-ce que cela passait vraiment mieux à l’époque ? Est-ce que ce genre de critiques est totalement anachronique ? Dans son numéro de septembre 1986, Tilt évoquait « un logiciel qui passionnera tous les joysticks de Thomson ». Certes, le magazine avait pour habitude d’être très gentil avec Infogrames, on a pu le voir avec les Bob Morane. Une chose est sûre, et je le confesse : mon joystick n’aura pas été passionné longtemps, et moi qui le tenais non plus.

 

Comme dans tout jeu vidéo des années 80 qui se respectent, la demoiselle en détresse tombe immédiatement amoureuse du bonhomme inconnu qui lui vient en aide.

Comme dans tout jeu vidéo des années 80 qui se respectent, la demoiselle en détresse tombe immédiatement amoureuse du bonhomme inconnu qui lui vient en aide.

 

10 comments

  1. chabbal dit :

    Excellent article

  2. Loz dit :

    « les fantômes sont ceux qui ont la plus belle bouille »
    Il est interdit d’utiliser ce mot sans tenter une contrepèterie, disait le keuf qui n’avait pas une belle bouille (naturel, me direz-vous !)

    « Mais dans les conditions du direct, il y a de quoi jeter sa manette par la fenêtre. »
    Et dire que les manettes modernes n’ont plus de fil…

  3. __sam__ dit :

    cool 8) J’ai toujours apprécié les graphismes et le fluidité de ce jeu, sans pourtant rien y comprendre. Je l’ai classé perso dans la catégorie « sympa mais frustrant ».

  4. Stan-W dit :

    J’avais adoré le jeu (qu’on m’avait prêté). Sorcery n’avait pas encore été adapté sur Thomson quand Vampire est sorti et j’avais été agréablement surpris de constater que Vampire en était un clone. Certes, c’était moins joli/bruyant/animé que Sorcery sur CPC mais l’ambiance fun et décontractée de Vampire permettait de s’éloigner un tant soit peu du modèle tout en proposant un gameplay similaire. Je l’avais presque terminé et la maniabilité – rigide en 2023 – ne m’avait pas dérangée… On connaissait bien pire sur Thomson.
    Environ un an plus tard, probablement moins, Sorcery est officiellement sorti sur Thomson : une bonne conversion qui aurait mérité un test en parallèle de celui de Vampire (chiche pour Halloween 2024 ???).

    • Le Thomsonaute dit :

      Hello Stan, oui en toute franchise je savais que Vampire était un clone de Sorcery et j’aurais « testé » les deux en parallèle si j’avais eu le temps, mais je voulais sortir le papier le soir d’Halloween après m’être motivé… dans la journée. J’ai donc lâchement fait l’impasse sur Sorcery, mais pourquoi ne pas y revenir bientôt en effet (et même pas forcément pour le prochain Halloween)!

  5. Frodon69 dit :

    En ce temps les jeux et logiciels étaient fournis avec un vrai mode d’emploi ; tu ne l’avais pas ? Il fallait le photocopier si c’était un tipiak 😉

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