Stone Zone

Vous vous les représentez, là, les célèbres mines du mont Karaz ?

Vous vous les représentez, là, les célèbres mines du mont Karaz ?

 

Les célèbres mines du mont Karaz et ses galeries bourrées de diams, les Gonards rouges, les éboulements, le TNT et la fortune à l’arrivée. Voilà ce que Stone Zone vous promet, sur sa jaquette et dans sa notice. À l’arrivée, vous obtenez un petit bonhomme qui ramasse des grosses fraises jaunes ou vertes en évitant des espèces de rectangles rouges. Mais bon, avoir de l’imagination n’a jamais été un crime.

 

Il y a maintenant quelques milliards d’années, j’avais profité d’un billet sur Arkanoïd et Krakout pour évoquer le genre du casse-briques, qui fut très populaire dans les années 80 avant de péricliter inexorablement. Stone Zone permet pour sa part de se rappeler Boulder Dash, série de jeux (plus ses imitations) mettant en scène un bonhomme se frayant des chemins sous terre pour ramasser des diamants, tout en évitant de se prendre des rochers sur la figure.

Boulder Dash, j’y jouais sur l’Amstrad CPC des copains, et je l’aimais beaucoup. Le jeu était rapide, même nerveux, et jouissais d’une ambiance bien à lui malgré son caractère un peu primitif. Notamment de par son environnement sonore, qui lui donnait un côté à la fois caverneux et futuriste, assez indéfinissable. Mais pas de Boulder Dash sur Thomson à proprement parler. Si le jeu était sorti sur un nombre hallucinant de supports (Super Cassette Vision incluse), la marque à l’hexagone n’en faisait pas partie.

 

S'il souffre de nombreux ralentissements et si ses graphismes sont un peu approximatifs, Stone Zone peut se vanter d'être agréablement coloré

S’il souffre de nombreux ralentissements et si ses graphismes sont un peu approximatifs, Stone Zone peut se vanter d’être agréablement coloré

 

À la place, nous autres thomsonistes avions (entre autres) Stone Zone. Un jeu signé de l’éditeur Softbook, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler, et qui compte parmi les programmes auxquels j’ai probablement le plus joué sur la machine. Votre objectif ? Creuser la terre en évitant les rochers et les ennemis pour ramasser des diamants, puis rejoindre la sortie une fois votre tâche accomplie. Et comme souvent, ce qui semble facile sur le papier s’avère retors au bout d’un certain nombre de niveaux.

Des niveaux, Stone Zone en compte 50. Avec, naturellement, une augmentation de la complexité des tableaux au fur et à mesure. Reste que le joueur est relativement épargné au début. Quand un niveau s’avère ardu, il est souvent suivi par un plus simple, histoire de souffler et de recharger son stock de TNT. Celui-ci, en effet, se maintient de niveau en niveau, mais revient à zéro lorsqu’une vie est perdue. Et ces braves explosifs peuvent s’avérer fort utiles pour venir à bout d’ennemis encombrants. À condition de ne pas se faire sauter avec.

C’est à partir du trentième niveau que la difficulté se renforce nettement. Le niveau 33 est le premier à m’avoir vraiment donné envie de balancer ma manette par la fenêtre, sachant que mon degré de patience face à ce genre de jeux équivaut à celui d’un bébé de neuf mois face à sa tétine. Je précise que pour les besoins de ce billet, mais aussi et surtout pour ne pas m’emmerder outre mesure, j’ai usé et abusé des fonctions de sauvegarde de l’émulateur DCMOTO. Dans des conditions normales, même avec neuf vies, il faut un certain entraînement et une connaissance des tableaux les plus complexes pour accéder à ce stade du jeu.

 

Le niveau où ma patience a, contrairement à la pierre qui roule, commencé à s'émousser

Le niveau où ma patience a, contrairement à la pierre qui roule, commencé à s’émousser

 

Et ça tombe bien, puisque Stone Zone propose un sélectionneur de niveau, permettant de travailler plus précisément tel ou tel tableau. Pas de moyen de tricher pour autant : une fois le tableau complété, vous ne passez pas au suivant, mais revenez à l’écran d’accueil. Tandis qu’en jouant une partie normale, vous pourrez enchaîner les niveaux les uns après les autres et, une fois le dernier complété… revenir à l’écran d’accueil. Parce que bon, les images de fin ou les félicitations, c’est bon pour les joueurs mesquins. Et puis vous avez le droit d’entrer votre high-score, alors inutile de vous plaindre.

Le sélectionneur de niveau n’est pas la seule option offerte au joueur, puisque celui-ci dispose aussi de la possibilité de mettre le jeu en mode moyen ou difficile, sachant que le mode facile est celui par défaut. Sauf que oui mais bon, comme disait le poète. En vérité, le passage en mode moyen ou difficile n’influe que sur le temps alloué par niveau. Et ce temps ne sert qu’à ramasser des points : arrivé à zéro, vous pouvez continuer à jouer, simplement vous n’aurez pas de bonus. À moins d’être un obsédé du high-score, le changement de difficulté n’a donc rien de flagrant.

Si j’ai beaucoup joué à Stone Zone en son temps, c’est clairement parce que le jeu présente des qualités indéniables. À bien des égards, le soft relève plus du puzzle que du jeu d’adresse, ce qui est préférable vue sa maniabilité, mais on y reviendra. Ses créateurs réservent même quelques jolies cruautés au joueur, en aménageant parfois des chemins où une seule chute de pierre vous coince et vous condamne au suicide. Ou même, comble du sadisme, en faisant apparaître une sortie inaccessible si des précautions n’ont pas été prises avant de récupérer le dernier diamant du tableau. Ah les salauds !

 

Que celui qui n'a jamais péri dans un éboulement me jette la première pierre.

Que celui qui n’a jamais péri dans un éboulement me jette la première pierre.

 

Maintenant, il y a les défauts. Hé oui, je sais, jamais content. On passera assez rapidement sur les ralentissements dès qu’un tableau est un peu lourd en animations, c’est un classique dans les jeux Thomson et cela n’empêche finalement pas de jouer. En revanche, j’avais oublié à quel point les commandes du jeu sont pénibles. Pour qu’un personnage aussi minuscule soit à ce point lourd à manier, il doit être fait en béton armé. Même Arthur Morgan m’a moins fait râler que mon petit blond de Stone Zone.

En vérité, tout est question de réaction. Appuyer sur une touche n’aura parfois (souvent) simplement pas d’effet. Et il en va aussi bien à la manette qu’au clavier. Pour espérer faire bouger votre personnage, il vous faudra appuyer comme un relou. Une fois l’impulsion de départ lancée en revanche, vous pourrez gambader relativement facilement. À condition de rester dans la bonne direction.

Mais si vous espérez éviter un ennemi en bifurquant à la dernière seconde, ou lui tendre un piège en patientant sous un rocher pour l’écraser avec, il vous faudra prendre en compte cette inertie. Et celle-ci peut s’avérer très beaucoup infiniment trop gênante dans les quelques niveaux qui réclament un tantinet de réactivité. Notamment quand le seul fait de frôler un diamant le précipite vers son inéluctable destruction, et que vous devez le rattraper dans sa chute sans vous faire écrabouiller par un malencontreux éboulis. Même si, converti en pixels d’époque, c’est beaucoup moins sexy que ça en a l’air.

 

Le niveau 48, où le seul fait de frôler un diamant peut le faire tomber sur des piques destructrices, est au final le plus difficile du jeu.

Le niveau 48, où le seul fait de frôler un diamant peut le faire tomber sur des piques destructrices, est au final le plus difficile du jeu.

 

Je n’irai pas jusqu’à dire que cette lourdeur des commandes gâche le jeu, parce que je suis de nature gentille et charitable, mais il faut bien reconnaître que Stone Zone aurait gagné à être plus efficace de ce point de vue, au regard de la nature même du soft. C’est d’autant plus frustrant que, dans mon souvenir, un autre jeu Softbook du nom de Brain Power ne souffre pas de ces défauts là et s’avère nerveux à souhait. Ou sont-ce mes souvenirs qui enjolivent la réalité ? L’avenir nous le dira probablement.

Stone Zone n’en demeure pas moins, j’ose le dire parce que tout le monde s’en fiche, un classique de la ludothèque Thomson. Sa maniabilité aléatoire, ses graphismes plutôt simplistes (mais joliment colorés) et son environnement sonore minimaliste n’empêchent pas d’apprécier le puzzle game divertissant qu’il est. En somme, les diamants sont éternels, les souvenirs durent le temps d’une vie, et Stone Zone mérite amplement le coup d’œil.

Petit ajout post-parution : d’aucuns se demanderont sans doute comment j’ai pu parler de Boulder Dash like sans évoquer… La Mine aux diamants, édité par Infogrames. C’est simple : l’existence de ce jeu, pourtant très proche de l’original, m’était juste sortie de la mémoire. D’une manière ou d’une autre, cette injustice sera réparée !

 

Seule récompense de fin : le droit de rentrer son nom pour le high-score. Ne vous laissez pas tromper par le nombre de vies et le score enregistré, j'ai triché comme un lourd.

Seule récompense de fin : le droit de rentrer son nom pour le high-score. Ne vous laissez pas tromper par le nombre de vies et le score enregistré, j’ai triché comme un lourd.

8 comments

  1. Fonf dit :

    C’est marrant je ne connaissais pas du tout ce jeu. Alors que La Mine aux Diamants doit être un des jeux que j’ai le plus poncé sur mon TO8. Super article comme toujours en tout cas !

  2. Adnz dit :

    Pareil, je ne connaissais pas ce jeu non plus, alors que j’en ai ramassé des diamants dans Mines au diamants sur mon TO9 😉

    Merci, comme quoi on découvre toujours … 😉

  3. Samuel Devulder dit :

    Ben pareil que tout le monde : je ne connaissais pas ce jeu. Il va falloir que j’y joue pour comprendre la latence dont tu parles. Car les explications ont beau être bien écrite, je pense que la il faut ressentir soi et même la frustration qu’elle engendre.

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