Et si, sur un blog usuellement consacré aux jeux Thomson, on parlait d’un jeu actuellement disponible sur PC et consoles ? Et si, sur un blog usuellement consacré aux jeux rétros, on parlait d’un jeu sorti en 2019 ? Et si, alors que nous sommes en pleine période de fêtes de fin d’année, on parlait d’un jeu qui n’a pas grand-chose à voir avec Noël ? À l’ensemble de ces questions, il convient de répondre : « Oui, car je fais ce que je veux ». Et c’est pourquoi je vais vous parler de A Short Hike.
Je n’ai pas eu l’inspiration ces derniers temps pour trouver un jeu Thomson dont j’aurais envie de parler, sauf quelques-uns qui me demanderaient de prendre du temps pour y jouer vraiment, plus de la motivation, deux choses qui ont un peu tendance à me manquer. Alors pourquoi ne pas parler d’un jeu profondément mignon, adorable, élégant et émouvant comme A Short Hike ? Quitte à n’être aucunement objectif. A Short Hike est sans aucun doute l’un des jeux auquel je suis le plus heureux d’avoir eu l’occasion de jouer. J’ignore quel rang je lui donnerais si je devais établir un classement de mes jeux préférés, mais je sais la place très particulière qu’il a dans mon cœur.
Peut-être d’ailleurs parce que A Short Hike m’a pris par surprise. J’aurais bien pu ne jamais y jouer, si la plateforme Epic Games n’avait pas eu la gentillesse d’en faire cadeau à ses abonnés voici quelques années. Et si, par un après-midi de désœuvrement, je n’avais pas décidé de voir à quoi pouvait bien ressembler ce « petit » jeu indé réalisé par Adam Robinson-Yu.. Ce n’était alors qu’un jeu parmi les centaines récupérés gratuitement depuis des années, et dont la plupart ne seront jamais installés ne serait-ce qu’une fois. Et je sais que je passe probablement à côté de beaucoup de choses, mais au moins je ne suis pas passé à côté de celle-ci.
A Short Hike est tout ce qu’il y a de plus enfantin, au sens propre comme au sens figuré. Et nous raconte l’histoire de Claire, une jeune oiselle en séjour chez sa tante May (oui, comme dans Spider-Man), sur la charmante île de Hawk Peak Island. Après avoir pris un peu de repos, perdue dans ses pensées et quelque peu anxieuse, Claire apprend avec horreur que son téléphone ne capte pas. Et ceci alors qu’elle attend un coup de téléphone très important.
Sa tante lui suggère alors de monter tout en haut du sommet de l’île afin d’y trouver un signal. Juste une petite randonnée en somme, qu’elle-même a souvent fait étant petite. Et qui nécessitera tout de même de se procurer des plumes d’or, afin de voler plus haut et de grimper plus vite. De partir à la recherche aussi d’autres objets, en mesure de lui faciliter la tâche. Sans oublier de parler avec pas mal de monde, et de rendre quelques services. Mais le jeu en vaut la chandelle.
Bien sûr, son atmosphère colorée, la gentillesse de son propos, sa facilité et naturellement ses personnages dépeint sous des traits d’animaux, donnent à A Short Hike des allures de jeu pour enfant. Et je vous rassure : il convient tout à fait à un jeune public, et lui est même recommandé. Mais à moins d’être imperméable à toute forme de poésie, n’importe quel adulte devrait tomber sous son charme. Pour son ambiance, pour les nombreux secrets qu’il recèle, pour la qualité de sa narration, pour son propos général tout simplement.
A Short Hike, c’est une galerie de personnages terriblement attachante, dont chacun possède sa propre personnalité, jamais laissée au hasard. Entre un campeur terrifié d’être surpris sans permis de camping, un coureur qui s’interroge sur le sens de courir, un enfant qui se prélasse en rêvant de petit-déjeuner ou un ours polaire qui écrit des nouvelles à ses heures perdues. Autour d’eux se dessinent des conversations simples et profondes, emplies de beaucoup d’humanité.
Et puis c’est une île, qu’on prend un plaisir fou à explorer, qui semble immense tant elle regorge de trésors et d’objets cachés, et dont on réalise combien elle est petite une fois sa géographie maîtrisée. Elle n’en présente pas moins plusieurs zones aux teintes différentes, soulignées par une bande-son très réussie signée Mark Sparling. L’insertion même des musiques dans le jeu, avec des effets de boucle qui se délie et d’instrumentation qui s’enrichit à mesure que l’on progresse dans un secteur, est d’une élégance rare. Avec une mention spéciale pour les sommets enneigés, tellement mystérieux.
Je disais plus haut que A Short Hike est facile, et c’est parfaitement exact. Le jeu donne généreusement et rapidement tout ce qui est nécessaire pour en venir à bout. En s’y prenant bien, et à condition de s’y repérer, il peut probablement être plié en vingt minutes, peut-être moins. Tout comme on peut passer trois heures à se promener dans son monde ouvert, à parler avec les personnages, à creuser des trous, à pêcher des poissons, à ramasser des coquillages, à chercher des trésors, à faire du bateau. Et simplement à apprécier les paysages.
Pour autant, il serait faux de dire que le voyage vaut plus que la destination. Ce n’est pas pour rien que Claire veut capter du réseau pour son téléphone. Je ne vais pas spoiler, mais j’avoue avoir eu la gorge nouée plus d’une fois face à un dialogue que je commence pourtant à connaître par coeur. A Short Hike n’est pas à proprement parler un récit initiatique. Il nous en épargne d’ailleurs les clichés. Il est ce que son titre suggère, une petite promenade. Qui se termine pourtant dans une belle envolée, et ça n’a rien d’une métaphore.
Alors, un jeu sans défauts ? Exceptée une caméra souvent capricieuse et parfois agaçante, j’ai du mal à lui en trouver. Je regrette juste que, de base, il propose un mode pixelisé qui n’a rien de nécessaire. Il est possible dans les options de lisser les graphismes et je le recommande : le jeu est bien plus joli ainsi. Je n’ai rien contre le pixel-art à condition qu’il ait du sens. Et dans le cas présent, il n’en a pas vraiment.
A Short Hike est un jeu dans lequel j’aime revenir, un refuge autant qu’une Happy Place, un temps d’évasion qui fait un bien fou. Son ambiance unique, la richesse de ses dialogues, la sincérité de son propos, la finesse de sa narration, en font une vraie petite merveille.
Je continue sur les superlatifs? Il est à la fois immersif et contemplatif, drôle et pertinent, plein de bons sentiments mais jamais caricatural. Tout le monde peut-être n’y sera pas sensible, ma façon d’investir le jeu est sans doute toute personnelle. Mais au risque de créer une attente trop forte à qui ne le connait pas, j’affirme sans sourciller que A Short Hike est l’un des jeux les plus charmants de la Création.
Mais c’est une très bonne idée cet article. Il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers thomsonniens pour nous faire découvrir d’autres choses.
Ce côté charmant et les aperçus que l’on peut voir aussi sur le site shorthike.com me font penser à l’ambiance d’un film d’animation de Hayao Miyazaki Le côté soigné des décors, leur style et leurs animations (l’environnement des personnages « vit » autour d’eux) m’y ont fait pensé. La musique aussi bien sûr.