Ça y est, figurez-vous que vous allez ENCORE devoir sauver l’humanité. L’humanité a tellement besoin d’être sauvée tous les quatre matins qu’on se demande si c’est vraiment un truc viable. Dans une société capitaliste dénuée de tout laxisme, il y a belle lurette que l’humanité aurait mis la clé sous la porte, tiens !
Pour ce faire, vous allez devoir détruire un gros cerveau rose. Je ne m’étendrai pas sur le fait qu’il faut détruire un cerveau pour sauver l’humanité, chacun aura relevé l’ironie de la chose. Je précise tout de même que cette histoire d’humanité qu’il faut sauver, je la tiens de l’Internet. Le jeu ne donne aucune indication, je n’ai pas la notice, et au dos de la boîte j’ai droit à ce petit texte : « le but de ta mission est le premier des secrets que tu auras à découvrir ! » D’accord. Et mon cul, c’est du poulet ?
Vous voici donc aux commandes d’un char d’assaut futuriste largué on-ne-sait-d’où dans un étrange labyrinthe dont chaque pièce ou presque contient un mystère, une astuce ou une menace. Et si vous êtes en train de penser très fort à Cube, vous avez raison : le jeu de Loriciels est franchement prophétique !
Pour tout vous dire, cela fait un sacré bout de temps que j’envisage de faire un article sur MGT. C’est un jeu qui m’a marqué quand j’étais gosse, sans jamais avoir su progresser dedans et encore moins le finir. Il faut bien avouer que l’on est face à un labyrinthe plutôt complexe pour un gamin de douze ans. Et pour un gamin de trente-huit aussi, car arriver à la fin du jeu n’a pas été une mince affaire. Et comme je ne voulais pas rédiger d’article sans cela, le temps a filé à une vitesse folle…
Soyons d’ailleurs parfaitement honnête : sans le plan du labyrinthe mis à disposition sur le site de DCMOTO, je n’y serais probablement pas arrivé avant l’année prochaine. Le problème avec mon petit cerveau malade, c’est que j’ai du mal à me faire à l’idée qu’un labyrinthe n’est pas un parcours linéaire. Forcément, ça ne facilite pas les choses.
Ainsi, si j’étais bien arrivé à trouver l’icône permettant in fine d’être en mesure de détruire le méchant cerveau, il ne me venait pas à l’idée que revenir sur mes pas était encore la meilleure technique pour retrouver la pièce dans laquelle il se trouve. Mais pour retourner sur ses pas, il faudra tout de même un peu de skill et un minimum d’ingéniosité. Je le précise parce que, pour le coup, j’ai fait tout cela tout seul. Je ne suis donc pas totalement une bille.
MGT ne consiste pas qu’à laisser son char se promener de pièces en pièces, à l’image d’un dragueur écumant les chatrooms. Certaines portes ne seront accessibles que si vous trouvez – et détruisez – l’icône qui se trouve au-dessus. D’autres sont situées en hauteur, et vous devrez jouer les filles de l’air pour atteindre les plate-formes volantes, ou vous amuser avec celles qui font office d’ascenseur. À condition de les trouver, car il faut encore les actionner et rien ne les distingue des autres…
Restent encore des pièces où le moindre contact avec le sol entraîne une mort immédiate, d’autres parcourues par un ou plusieurs rayons laser que je vous déconseille de toucher, d’autres où d’étranges créatures (bulles d’eau, rondins animés ou soucoupes volantes miniatures) vous empêcheront d’avancer tout en vous grignotant de l’énergie… MGT est riche de son univers, et cela fait partie de ses grandes qualités.
Ajoutons à cela que la plupart des pièces ne servent strictement à rien, que détruire certains symboles provoqueront des malus sans qu’il soit possible de deviner lesquels, et qu’il est donc parfaitement possible de perdre quinze minutes à suivre un parcours ahurissant de complexité pour finir par détruire une icône qui vous bouffe la moitié de votre énergie, et vous aurez une idée à peu près exacte du tableau.
Graphiquement, le jeu est superbe. Je sais que certains vont ricaner en trouvant très amusant que je puisse qualifier de « superbe » un machin à gros pixels comme MGT mais c’est un fait : non seulement le jeu est une réussite de finesse et de subtilité, mais cette version Thomson est bien plus jolie que celle du PC en VGA de l’époque. Le bleu prédominant (et quelques égarements verdâtres du plus bel effet) donne au labyrinthe un caractère aseptisé presque angoissant. On imagine volontiers un monde froid et inhospitalier.
La maniabilité est également au rendez-vous. À vrai dire, les déplacements du char sont tellement limpides et instinctifs qu’il m’a fallu un peu de temps pour m’y faire. Je suis tellement habitué à des commandes où maintenir la croix directionnelle vers le haut permet d’avancer que cela me faisait bizarre de devoir très bêtement appuyer sur la direction voulue pour que mon vaisseau veuille bien s’y rendre. C’est un délice, et c’est tant mieux car certaines petites manoeuvres seraient sans doute foutrement délicates sans cela.
Mais mon billet – que je n’irais pas jusqu’à qualifier de test – ne serait pas complet si je ne parlais pas des choses qui fâchent. À commencer par l’éternel souci du Thomson et des machines de son époque en général : les ralentissements. Dans l’ensemble, MGT est vraiment fluide. Mais dès que plus de trois éléments ont le malheur de se déplacer en même temps dans une pièce, votre char va évoluer à deux kilomètres-heure, et même pour un char ce n’est vraiment pas beaucoup. On paye la richesse des couleurs et des textures, je sais bien, mais c’est agaçant. Cela reste heureusement tout de même assez rare.
Autre défaut assez gênant : la fausse 3D du jeu, si elle offre de très jolis effets graphiques, rend certains écrans difficiles à décrypter par moment. Disons qu’il n’est pas rare de rater un « saut » et de passer à côté de sa plate-forme à cause de cela. L’ombre que le vaisseau laisse au sol est certes bien pratique, mais on ragera à quelques reprises en passant à côté d’une porte dont on pensait pourtant qu’elle était parfaitement dans l’axe.
Et puis le mutisme du jeu est un peu déprimant. Je ne dis pas que j’aurais voulu une ambiance de rave party avec des cris et des bruitages surdimensionnés toutes les deux secondes, mais un tout petit hoquet quand votre char tire sur quelque chose ou de vagues postillons quand il se fait toucher par un ennemi, c’est tout de même un peu chiche.
Bon allez, vous savez quoi, je chipote juste pour la forme. Dans l’ensemble, MGT est évidemment une réussite. Un jeu original et exigeant qui fait honneur à l’excellente maison d’édition qu’était Loriciels. Je suis même surpris, tant il a marqué son temps, qu’aucun remake n’ait jamais été réalisé, pour une version jouable via navigateur par exemple. Tant mieux : cela justifie d’autant plus le besoin de ressortir nos bonnes vieilles machines pour se faire encore un peu plaisir !
Et si vous avez pensé à quelque chose de cochon en lisant cette dernière phrase, vous êtes puni et devez me faire cinquante pompes sur le champ.
Je n’ai jamais accroché à ce jeu (que j’avais sur CPC). Je n’y comprenais strictement rien, l’inertie du char était pénible et la perspective, en effet, carrément gênante. L’absence d’ombre au sol pour les dalles était un véritable handicap. Cependant, il faut reconnaitre qu’il était fort joli. L’animation sur Thomson était, me semble-t-il, plus lente que sur CPC et un peu moins fluide (testé il y a plus de 25ans sur le MO6 de mon pote). Un beau jeu sur Thomson.
Oui, les vidéos que j’ai pu voir de la version CPC semblent indiquer une animation nettement plus rapide (ce qui n’a rien d’étonnant d’ailleurs). La lenteur du char est l’un des principaux défauts du jeu sur To8, sachant qu’il existe cependant beaucoup plus lent dans le même registre. En revanche, l’inertie me plaît bien justement : elle est vicieuse et rend les choses quelquefois très stressante. Elle est effectivement pénible, mais c’est justement pour cela que je l’aime ! 🙂