Prohibition

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L’écran titre qui en jette à mort ! L’un des plus beaux du genre.

 

Chicago, années 20 : la prohibition enrichit la pègre qui se livre sans vergogne au trafic d’alcool, courageusement combattue par un groupe de policiers que l’on nomme les Incorruptibles. Sauf que là, on nous dit que le jeu se passe à New-York, et que l’on y incarne un mercenaire embauché par la police pour shooter du délinquant. Ça valait le coup d’appeler ça Prohibition, tiens !

 

Dans Prohibition, vous incarnez surtout un viseur. Un gros viseur. Qui n’a pas d’autre but que de se promener d’immeubles en trottoirs pour descendre les bandits qui vous visent sans relâche, mais ont la décence de prévenir avant de tirer. Ainsi, un compte à rebours se déclenche lorsque l’ennemi vous met en joue, vous laissant le temps – ou non – de le repérer et de l’abattre.

 

Si vous prenez du retard, appuyer sur n’importe quelle touche du clavier vous permet de vous mettre à couvert, le temps que votre ennemi tire dans le vide et que le compte à rebours reparte à son point initial. On s’interrogera sur l’intelligence d’un gangster qui choisit de tirer même quand sa cible se cache derrière un mur, mais bon. Après tout, il n’a jamais été démontré que le maniement des armes rendait intelligent.

 

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Run away !

 

À noter que l’écran indiquant que votre personnage est planqué est intéressant : c’est le seul qui vous permette de le voir. C’est aussi le seul qui mette en place un système de munitions. En effet, si vous pouvez tirer comme un malade sur tout ce qui bouge sans jamais prendre le risque de tomber en rade de cartouches, rester caché derrière un mur fait descendre votre jauge.

 

Une fois celle-ci épuisée, vous pouvez toujours tirer mais vous ne pouvez plus vous cacher. En somme, tout comme la liberté de la presse, les munitions ne s’usent que quand on ne s’en sert pas. Petit clin d’oeil aux lecteurs du Canard Enchaîné.

 

Allez, je vais arrêter d’être cynique : il est évident qu’il fallait poser une limite sur l’écran de planque, dans la mesure où le principe du jeu consiste à déplacer son viseur le plus rapidement possible pour trouver le prochain adversaire à shooter. Et parfois, celui-ci sait vous mettre un joli coup de stress…

 

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Certains ennemis sont très stylés. Ici, l’un de mes favoris.

 

Tous les ennemis ne vous accordent pas le même délai, et certains ne vous donnent qu’une ou deux petites secondes avant de vous descendre. D’autres demanderont à se faire tirer plusieurs fois dessus avant d’avoir l’obligeance de trépasser.

 

D’autres enfin prennent des otages. Enfin, quand je dis « des » otages, je veux dire toujours le même : une bonne femme qui n’a décidément pas de bol mais ferait peut-être mieux de rentrer se cacher dans sa salle de bains plutôt que de se promener dans la rue en pleine fusillade.

 

Face à cette situation, deux choix s’offrent à vous : tirer dans le tas, ou viser la tête du preneur d’otage pour sauver la vie de l’innocente ingénue. Je vous recommande d’opter pour la deuxième solution. On n’est pas en Russie non plus.

 

Un observateur attentif remarquera que l’otage a le nichon à l’air.

 

Après avoir dégommé la moitié de la population de la ville, vous finirez par accéder au bureau du grand méchant, entouré de deux hommes. À ce moment là, plus question de se planquer, et vous ne disposez que de trois balles et d’un temps limité pour descendre les trois escogriffes.

 

Sachant que, si j’ai bien compris, il faut en plus faire cela dans un ordre précis. Sinon votre barillet ne veut simplement plus obéir, et vous vous retrouvez fort dépourvu lorsque la balle est venue. Bref, c’est le boss de fin de niveau : une fois vaincu, vous repartez vers de nouvelles aventures meurtrières, tel un inspecteur Harry sous amphétamines.

 

Prohibition est objectivement un bon jeu. Sa maniabilité est irréprochable : le viseur est fluide, la prise en main totalement intuitive, et l’on prend vraiment plaisir à se promener de fenêtres en escalier, de plaques d’égout en échafaudages, pour trouver le son of a bitch qui nous veut du mal.

 

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Dans l’antre de la pègre.

 

En jouant sur des tons de couleurs gris et rouges, le jeu développe une ambiance tout à fait dans l’esprit des films noirs racontant l’époque de la Prohibition, quelque chose de plutôt glauque et menaçant que soulignent des bruitages minimalistes, et un ciel atrocement opaque.

 

Si les graphismes sont en général assez grossiers, mais moi je m’en fous j’aime bien les pixels, ils restent parfaitement efficaces et l’on découvre avec plaisir un adversaire, ou un décor, que l’on n’avait pas encore vu. Même si on en fait somme toute assez vite le tour.

 

Sans surprise, le gros défaut de Prohibition est d’être terriblement répétitif. C’est un peu le cas de tous les jeux de tirs. Même un Operation Wolf en arcade finit par user le cervelet au bout de deux heures. Pour Prohibition, il faudra compter entre quinze et vingt minutes avant que l’on commence à en avoir marre. L’aire de jeu est sensiblement restreinte et passer de niveaux en niveaux n’offre pas de grandes nouveautés.

 

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Dans le viseur.

 

Comme souvent avec Infogrames, le jeu ne semble d’ailleurs pas avoir de fin : la difficulté augmente au fur et à mesure jusqu’à ce que votre stock de vies – par ailleurs plutôt conséquent – soit épuisé. Vous pourrez à ce moment indiquer votre nom dans le tableau des high-score, en fonction des dollars accumulés grâce à votre chasse à l’homme parfaitement morale. Aucun doute, les States sont mûrs pour une présidence Trump.

 

À part ça je dis beaucoup de bêtises mais, répétitif et lassant ou pas, Prohibition demeure un jeu dont l’ambiance et le gameplay franchement réussi aura fasciné ma mirifique enfance. Et j’y ai rejoué avec beaucoup de plaisir.

 

La question est : vais-je à présent me lancer dans un Bob Morane Science-Fiction, qui est un clone éhonté (mais sympathique) façon station spatiale de Prohibition, ou vais-je risquer un billet ultérieur sur un jeu complexe et artistiquement ambitieux ? La suite au prochain massacre !

 

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Une seule conclusion possible : Hervé passe beaucoup trop de temps devant son Thomson.

 

5 comments

  1. Stan-W dit :

    Un bon article, une fois de plus. Ca fait du bien de se replonger dans ces oldies Thomson qui ont suivi nos jeunes années. J’ai découvert Prohibition sur CPC (qui a succédé à mon Mo5), une claque graphique à l’animation fluide, très bien noté dans les magazines. Je l’ai parcouru en long en large en travers. 2-3 ans plus tard, je pense, c’est chez mon pote que j’ai testé la version Thomson sur Mo6. J’ai retrouvé à peu près les mêmes sensations. Je pense que l’animation était plus lente mais on retrouvait l’ADN du jeu. Même tension à repérer l’adversaire à abattre, même réflexe à se planquer au tout dernier moment pour éviter de perdre ses « balles de protection », graphismes franchement réussis… et même lassitude au bout de quelques parties. Au même moment, j’ai testé en arcade « Empire City » dont Prohibition est l’adaptation officieuse… J’ai franchement préféré l’ambiance des versions micro.

    • Le Thomsonaute dit :

      Bonjour Stan, merci pour ce commentaire, j’ignorais que l’existence en arcade de cet Empire City et j’étais justement désireux de tester à l’occasion le jeu ayant inspiré ces différents Prohibition ! 🙂

  2. […] couvert. En gros, vous l’avez probablement compris, Bob Morane SF est un pur copié-collé de Prohibition, transposé dans un univers […]

  3. Giovanni dit :

    It’s almost impossible to play it with emulator!

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