Yie ar Kung-Fu 2

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Et le prix de l’écran de titre le plus minimaliste de l’année est attribué à…

 

Il m’arrive parfois de râler contre des soucis de gameplay ou de maniabilité sur des jeux PS3 ou Wii U, les deux consoles les plus récentes que je possède. Dans ces moments-là, un petit retour sur certains jeux de mon enfance remettent tout de suite les choses en perspective…

 

Le manuel du jeu téléchargé grâce à DCMOTO étant en italien, voici en gros ce que j’ai compris de l’histoire du jeu : « une bande de malfaiteurs fait régner la terreur en Chine et Lee, célèbre maître du kung-fu, va tous leur mettre sur la gueule ! » Voilà, le décor est planté et la question est à présent sur toutes les lèvres : Lee arrivera-t-il à pied par la Chine ?

 

En bon nostalgique du Thomson que je suis, je devrais logiquement  présenter des billets sur des jeux que j’ai aimé. Sur des bons jeux, en somme, ou au moins sur des jeux qui présentent des qualités. Sauf que je n’aime rien faire comme les autres. Alors que je papillonnais de logiciel en logiciel pour voir ce dont j’allais parler, une petite partie de Yie Ar Kung-Fu 2 m’a décidé : ce jeu est trop raté pour que je n’en parle pas.

 

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En Chine, les bouquets de fleurs rendent invincible.

 

Car nous sommes en présence d’un portage encore une fois bien foiré, où l’incompétence se dispute au je-m’en-foutisme. Lee, votre personnage, est figuré par un bonhomme tout jaune qui avance (extrêmement) lentement tableaux après tableaux, affrontant des ennemis jusqu’à la confrontation finale avec le boss de fin de niveau. Je précise que les ennemis sont également tous jaunes, et tellement mal dessinés que j’ignore encore aujourd’hui de quoi il s’agit, et que les boss ne dérogent pas à la règle.

 

Et si vous avez envie de faire remarquer que c’est normal qu’ils soient tous jaunes puisque le jeu se déroule en Chine, je vous arrête tout de suite : les plaisanteries racistes n’ont pas droit de cité ici. Disons le mot : c’est la cité interdite.

 

Les boss sont au nombre de sept et présentent tous des caractéristiques particulières : l’un vous tape à l’aide de ses cheveux longs, l’autre balance des boomerangs, une autre jette des couteaux, un autre des bombes – sur lesquelles il est écrit « bom », un peu comme les médicaments génériques –, etc. Le dernier boss quant à lui sait contrôler les éléments et fera pleuvoir des éclairs sur votre pauvre personne.

 

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Le pied dans la grotte.

 

Niveaux après niveaux, Lee se promènera dans différents décors (maison, grotte, palais…) qui sont tous plus moches les uns que les autres. Exceptés les boss, il aura toujours affaire aux mêmes ennemis, en nombre égal, nantis du même mode de déplacement. Et il adoptera, pour progresser dans le jeu, immuablement la même stratégie.

 

Il faut que je vous explique : Yie Ar Kung-Fu 2 est positivement injouable. Les déplacements de votre personnage ainsi que ses sauts et ses actions sont trop lents et ne permettent aucune réactivité, en particulier face au flot d’ennemis qui envahit les tableaux et se révèle impossible à endiguer. Ajoutez à cela un masque de collision totalement chaotique et vous obtenez un jeu dans lequel on meurt au bout de dix secondes, assailli par des machins jaunes que l’on ne peut ni éviter, ni détruire.

 

Le concepteur du jeu avait-il conscience du problème ? Cela semble certain, puisqu’il a rajouté une astuce à son programme. Au bout de quelques secondes, un pot de fleurs apparaît au centre du plafond de votre tableau. Si vous parvenez à l’attraper, vous serez invincible pendant un petit temps. Mais même avec cela, c’est encore impossible.

 

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Bomberman. Au passage, ceci est probablement le plus bel écran du jeu.

 

Il faut donc traverser les tableaux les uns après les autres en sautant en diagonale, le seul coup qui permet d’accélérer la cadence de votre personnage et d’éviter ainsi de perdre trop d’énergie. Vous arriverez ainsi face au boss et c’est à ce moment-là que vous attendrez patiemment l’arrivée du pot de fleurs. Une fois celui-ci attrapé, il ne vous restera plus qu’à mettre à profit votre invincibilité pour le terrasser. Ça ne vous semble pas amusant du tout ? Je vous rassure : ça ne l’est pas.

 

C’est pourtant la seule technique valable que j’ai trouvée pour pouvoir progresser dans le jeu. Elle est quasiment infaillible, là où toutes mes tentatives alternatives se sont soldées par un échec cuisant. Contrairement à Lee, je ne suis pas un maître du skill, mais je suis capable comme tout un chacun de m’améliorer à un jeu lorsque celui-ci s’avère ardu. Dans le cas de Yie Ar Kung-Fu 2, ce n’est même pas la peine d’y penser, c’est peine perdue.

 

Seul le dernier boss posera souci, le bougre se téléportant à l’autre bout de l’écran chaque fois que vous approchez trop près de lui, tout en balançant des légions d’éclairs qui vous boufferont la moitié de votre vie en moins de temps qu’il n’en faut à Emmanuel Todd pour raconter des conneries.

 

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Toute la foudre tombe sur moi.

 

Autant dire que vous aurez intérêt à vous magner le train en l’attaquant à l’aide du saut en diagonale évoqué précédemment, seule méthode pour lui mettre quelques dommages dans sa face avant qu’il ne se dérobe. C’est un peu plus difficile que le reste, mais si j’y suis arrivé alors je suppose qu’un singe y arriverait aussi.

 

Ne vous attendez pas à une fin, par contre : une fois ce dernier boss battu, le jeu vous envoie vers un niveau 8 qui n’est jamais que le premier, puis un 9 qui correspond au deuxième, et ainsi de suite. Un reboot bien pratique pour le concepteur qui permet de jouer indéfiniment, sans que rien jamais ne change.

 

Par curiosité, j’ai testé la version CPC du jeu. Sans surprise, elle est graphiquement bien plus jolie et surtout nettement plus fluide. Les ennemis y sont en moins grand nombre et, de fait, plus faciles à éviter ou à détruire. Et si l’on retrouve dans cette version le bouquet de fleurs qui rend invincible, celui-ci se fait nettement plus désirer que dans la version Thomson. Preuve que celui qui a fabriqué cette dernière avait pleinement conscience de son injouabilité.

 

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En mourant, votre personnage part en fumée…

 

C’est rageant : on sait que le Thomson est capable de gérer des animations fluides, et on sait qu’il permet des graphismes de bonne qualité. Yie Ar Kung-Fu 2 aurait objectivement pu être infiniment meilleur que ce truc sombre et chiant, doté de graphismes moches et d’effets sonores insipides.

 

Ce n’est certainement pas la dernière fois que je dresserai ce constat ici, mais il faut bien reconnaître qu’au-delà de questions de performance, c’est bel et bien la feignantise de certains développeurs (notamment de portages) qui aura valu aux ordinateurs Thomson d’être privé d’une ludothèque digne de ce nom, et d’un public ayant envie de le suivre. Yie Ar Kung-Fu 2 l’illustre pleinement, en se présentant comme un produit aussi laid qu’ennuyeux.

 

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Ce glorieux moment où le grand maître est défait ! (oui, c’est de l’ironie.)

 

 

6 comments

  1. Stan dit :

    Je partage tout à fait ton opinion concernant ce jeu programmé vraisemblablement à la va-vite. La conversion est pitoyable et n’a aucun argument pour plaider en sa faveur. Je relève juste la « variété » des quelques décors proposés (à remettre dans le contexte de l’époque) et des boss de fin de niveau qui reprennent pour certains les persos de Yie Are Kung Fu premier du nom.

    En tout cas, j’ai tout de même acheté cette version à l’époque… et oui – déjà – il était considéré comme une belle bouse à ranger à côté de Green Beret dans la catégorie des simulations d’escargots.
    A la même période, mon voisin me narguait avec sa master system accompagnée de Black Belt…

    Au fait, ce n’est pas de la salade, c’est la OOLong tea power. Je dis ça de mémoire.

  2. __sam__ dit :

    La version thomson se comporte comment par rapport à la version ZX spectrum?

    • Le Thomsonaute dit :

      Bonjour. À en juger par la vidéo, la version Spectrum est clairement plus fluide et rapide que la version Thomson, aucune comparaison possible. elle semble également nettement plus maniable puisqu’il semble possible d’y mener des combats à peu près normaux en établissant des stratégies selon les boss, ce qui très compliqué (cela va dépendre des boss) avec la version Thomson. Enfin, le jeu est nettement plus riche en termes d’animations et de graphismes. Aucun doute en somme : la version ZX est largement supérieure à la version Thomson, ce qui confirme que cette dernière a été purement et simplement bâclée !

  3. Dostalgia dit :

    ** Je traduis avec google, alors… essaie d’être empathique **

    Enfant je n’avais pas ce jeu mais je l’ai essayé et je dois dire que j’avais les mêmes avis que toi (que je publierai bientôt sur mon blog). La seule chose est que je n’ai pas pu vaincre le dernier adversaire, même avec le saladier plein de salade. Au fait, j’aimerais « échanger des liens » sur nos sites qui parlent en gros du même ordinateur (le mien est le clone italien d’Olivetti) (même si le mien parle parfois aussi de MSDOS)

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