20 000 avant J.C.

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Le pixel art, vous connaissez ? Eux, non.

Un virus menace l’humanité et la seule – je dis bien la SEULE – solution qu’ont trouvé les scientifiques du futur pour remédier à la situation est d’envoyer le Ka, une sorte d’agent secret je présume, en l’an 20 000 avant Jésus Christ pour retrouver la molécule du virus en question et pouvoir ainsi en venir à bout.J’ai beau ne pas être médecin, je trouve que c’est moyennement crédible. Et puis franchement, heureusement que Pasteur s’est occupé d’inventer le vaccin avant d’essayer de fabriquer une machine à remonter le temps…

 

Par contre, un doute horrible m’assaille, comme les guerriers du même nom. Virus… Voyage dans le temps… Ça ne vous rappelle rien ? Est-ce que, par hasard, le scénario de L’Armée des douze singes n’aurait pas été honteusement pompé sur celui de 20 000 avant J.C. ? Astucieux de la part des scénaristes de citer comme source d’inspiration La Jetée de Chris Marker, mais la réalité aujourd’hui éclate au grand jour !

 

Bon promis, j’arrête de dire des bêtises tout de suite et on parle du jeu. Visiblement, il y a plusieurs logiciels narrant les aventures du Ka sur Thomson, mais le seul que j’ai connu était donc ce 20 000 avant J.C., dont j’avoue avoir découvert le scénario à l’occasion de cet article. Ce jeu, étant gamin, je n’y comprenais rien du tout. Mais alors rien de rien du tout. Comme souvent, j’y jouais pour le plaisir de faire évoluer mon personnage dans un univers somme toute intéressant, mais n’avais pas la moindre idée de ce qu’il fallait faire, ni de comment il fallait le faire.

 

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Dès le premier écran du jeu, on est dans le nawak.

 

La (re)prise en main s’est donc déroulée dans une ambiance étrange. Au début, des tâtonnements. Mon personnage est un petit blond paumé dans un village préhistorique, mais ma présence ne semble pas déranger les autochtones, qui vaquent à leurs occupations. C’est à dire dessiner des trucs dans le vide, faire griller des choses dans le feu et, plus généralement, rester planté là à ne rien faire. À en juger par le peu de vivacité des habitants, j’en conclus que nous devons être dimanche.

 

Si les graphismes de 20 000 avant J.C. sont plutôt grossiers, le jeu a tout de même ses qualités esthétiques. Ses couleurs, ses mouvements, ses scintillements lui donnent une certaine vie et participent à une ambiance somme toute sympathique. Le village demeure d’ailleurs mon endroit préféré, même si les nanas en peau de bête auraient gagné à être un peu plus sexy. Je ne voudrais pas passer pour un obsédé, mais au même moment, sur CPC, ils avaient Barbarian et Samantha Fox Strip Poker, alors zut.

 

Quoiqu’il en soit, je continue mon exploration. Elle se fait tableau par tableau. Nous sommes dans un univers quasi-muet : mes sauts ne font pas de bruit, les villageois ne font pas de bruit, et même quand je marche dans la braise cela ne fait pas de bruit. Par contre, cela me fait perdre de la vie. Et pas qu’un peu. Les 200 points d’énergie dont nous disposons ne sont pas de trop : ils diminuent dès que l’on frôle une torche ou un feu de camp, dès que l’on met un pied dans l’eau, dès que l’on touche une espèce de mousse sur le sol, dès que l’on tombe de cinquante centimètres, sans parler des ennemis qui ne vont pas tarder à rappliquer. Quelle idée tout de même d’envoyer des gens aussi douillets pour sauver l’humanité.

 

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Saviez-vous que les dinosaures étaient contemporains des hommes préhistoriques ?

 

En me promenant, je trouve différents objets. Je ne peux en prendre qu’un seul avec moi, ce qui m’oblige à faire l’échange à chaque fois. Premier objet, un dinosaure en train de sortir de son oeuf. Celui-ci ne sert à rien d’autre qu’à rapporter des points. Deuxième objet, un truc orange et vaguement circulaire que l’écran d’accueil du jeu présentait comme un bouclier. Je n’ai jamais réussi à m’en servir. Troisième objet, un jetpack me permettant de voler. Le village où je suis arrivé est visiblement à la pointe du progrès, puisque je trouverai de ces jetpacks disséminés un peu partout aux alentours.

 

Une fois le village derrière moi, je ne tarde pas à me faire attaquer par des ennemis volants. Certains ressemblent à des tigres, d’autres à des loups (vaguement), d’autres à des oiseaux radioactifs et d’autres à rien du tout de connu sur Terre. Je trouve également des armes pour les combattre, mais attention : chaque arme est conçue pour tuer spécifiquement une espèce d’ennemi. Un gourdin ne viendra pas à bout du tigre, un bâton ne tuera pas un oiseau. Les armes en question ayant la même couleur que l’ennemi pour lesquelles elles sont adaptées, je comprends assez vite le mécanisme. Mais l’astuce réside dans le fait qu’une arme n’est pas toujours disponible dans le tableau où se trouve l’ennemi. Je comprends vite qu’il faut stratègiser : parfois, mieux vaut simplement se dépêcher de passer sans chercher à se battre, quitte à prendre quelques dégâts.

 

En réalité, tout dépend de l’itinéraire que l’on doit emprunter. Il faut bien comprendre que tout est beaucoup plus facile avec un jetpack : il est rapide et permet de voler au-dessus du feu, de l’eau, de tout ce qui fait mal en somme. De plus, les quelques passages en mode plate-formes du jeu sont assez ardus. La maniabilité, une fois que l’on a compris le principe des grands et petits sauts, n’est pas si horrible qu’il y parait au premier abord, mais la conception même des tableaux est atrocement retorse. Une petite butte suffit à vous immobiliser les quelques secondes nécessaires à un ennemi pour vous boulotter sans remords…

 

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Mettez un tigre dans votre jetpack !

 

Le fait de ne pouvoir transporter qu’un objet à la fois amène à devoir se séparer d’un jetpack pour, par exemple, ramasser un os qui fait office de clé. Naturellement, ces os sont souvent situés en hauteur, et une fois la porte ouverte, il n’est plus possible de récupérer le jetpack. Il en va de même pour les fameuses molécules, qui sont au nombre de trois et qu’il faut unir les unes aux autres : si le jetpack vous permet d’y accéder assez facilement, c’est à pied que vous devrez faire le chemin inverse. Mieux vaut, dans ce cas, avoir éliminé en amont quelques ennemis, ou ceux-ci ne manqueront pas de profiter de votre vulnérabilité.

 

Bien sûr, quelques totems permettent de temps en temps de récupérer son énergie, mais ils sont loin d’être nombreux et mieux vaut repérer où ils se trouvent avant de continuer son chemin. À mesure que je progresse dans le jeu, je comprends vite que 20 000 avant J.C. est un jeu qui n’est pas si linéaire qu’il y paraît. Plusieurs embranchements s’offrent à vous, et quelques portes s’ouvrent sur de mauvaises surprises.

 

Pour couronner le tout, je constate qu’un monstrueux soleil rouge darde ses feux pustuleux en haut à droite de mon écran. Est-il besoin de préciser qu’un fois qu’il sera entièrement levé, le jeu sera terminé ? Le décompte laisse une certaine marge de manoeuvre, vous aurez le droit de faire une, voire deux erreurs, mais la troisième vous mènera au game over. En somme, pour finir le jeu, mieux vaut connaître exactement l’itinéraire à emprunter, et compter sur un peu de chance tout de même.

 

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La chute qui ne pardonnera pas.

 

Je ne suis pas peu fier de dire que je suis venu à bout de 20 000 avant J.C., mais je confesse toutefois avoir usé et abusé de la fonction sauvegarde de l’émulateur DCMOTO. Sincèrement, je n’ai pas le courage de m’y essayer en mode hardcore, à l’ancienne. Ce n’est probablement pas impossible, mais le jeu est vraiment très, mais alors très difficile, quand la moindre touffe d’herbe semble en mesure de tuer notre personnage. Le plaisir qu’on y prend ne justifie pas tant d’efforts…

 

Nous ne sommes évidemment pas en présence du pire jeu de la ludothèque Thomson, loin de là, mais je suis obligé de reconnaître que je n’aurais probablement pas pris la peine d’y rejouer et de m’acharner à le finir s’il ne comptait pas parmi mes souvenirs d’enfance.

 

Le jeu se distingue en tout cas par sa remarquable fluidité, qui aurait été d’autant plus mise en valeur si les déplacements du personnage ne semblaient pas si souvent chaotiques. En réalité, l’ensemble souffre surtout de cette difficulté un peu ridicule, et de graphismes grossiers qui nuisent à sa lisibilité.

 

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Quand tout le monde est trop occupé pour remarquer le petit blond qui vole en jetpack…

 

20 000 avant J.C. est donc un jeu qui demande une certaine immersion avant que l’on commence à y comprendre quelque chose. Revenu en 2016, je garde de mon séjour dans le passé lointain beaucoup de circonspection. Ai-je ou non vraiment aimé cette expérience ? En tout cas, je ne l’ai pas détesté, et suis content d’avoir su le terminer, même en trichant sans vergogne.

 

Question subsidiaire : Ai-je bien fait de m’offrir une PS4 pour mon anniversaire quand je consacre finalement mon samedi matin à rejouer en émulation à un jeu 8 bits vieux de presque 30 ans ? Je n’en sais rien.

 

Mais je suis sûr que mon banquier aurait sa petite idée sur la question.

 

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Merci… Mais pourquoi ai-je l’impression qu’on me dit « Bravo le veau » ?

 

3 comments

  1. __sam__ dit :

    Les graphismes sont certes grossiers, mais les décors sont très colorés et ca c’est vraiment bien. Dommage qu’il n’y ait pas vraiment de bruitage ou de sons cependant.

    • Le Thomsonaute dit :

      Bonjour Sam !

      Oui c’est vrai que j’étais d’ailleurs hésitant à propos des graphismes, partagé entre leur absence de finesse et le fait, en effet, qu’ils offrent une belle gamme de couleurs, et s’incorporent dans le jeu sans produire aucun ralentissement !

  2. Stan dit :

    Très sympa de lire cet article. Il me semble avoir vu le jeu tourner sur le mo6 d’un pote (ou alors c’était une autre aventure du Ka) mais je n’en garde pas d’autre souvenir que d’avoir constaté une ressemblance avec des graphismes typés CPC. J’étais d’ailleurs assez impressionné, plus habitué aux portages bien loupés (Slap Fight par exemple) qu’à un graphisme coloré et sympathique.
    A lire la description du jeu, j’ai l’impression que les mécanismes de Sorcery/Vampire ont été partiellement repris avec le vol en option via le jetpack. Cependant, à voir la configuration escarpée de certains tableaux, je me demande comment le Ka pouvait évoluer au sein de ceux-ci…

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